Histoire & Patrimoine de La Roche-Bernard
La Roche-Bernard, une ville au riche passé historique, trouve ses origines au cœur de la Bretagne, entre mer et terre, sur les rives de la Vilaine. Son histoire remonte à la période médiévale et elle est marquée par une forte évolution au fil des siècles, du temps des seigneurs rochois jusqu’à l’essor industriel du XIXe siècle.
Les Origines du Château et du Bourg
La fondation de La Roche-Bernard remonte à l’an 1000, lorsque la construction d’un château fortifié fut initiée sur un rocher dominant l’estuaire de la Vilaine. Ce château primitif, probablement composé d’un donjon entouré d’un fossé et d’une palissade de bois, servait de point stratégique de défense et de contrôle sur les voies maritimes. En 1063, la première mention d’une église, associée au château, marque le début du développement du bourg civil. Le bourg religieux apparaît à la fin du XIe siècle, lorsque les moines de l’abbaye de Redon obtiennent des terres pour y fonder un lieu de culte.

Le Développement Commercial et les Premiers Seigneurs
Tout au long du XIe siècle, La Roche-Bernard devient un carrefour commercial où des taxes sont perçues sur les navires et les marchandises transitant par la Vilaine. L’absence de voies romaines oblige le trafic à se détourner par un réseau de routes, notamment par la construction d’un tronçon de route entre la forêt de la Bretesche et le passage de Guédas. La lignée des seigneurs rochois, dont les premiers représentants Bernard et Riwallon, se distingue par son rôle militaire. Cependant, leur domination sera éphémère, marquée par les luttes et les assassinats, avant que le nom de « Rocha Bernardi » n’apparaisse en 1231, consacrant Bernard comme le fondateur de la lignée.
Les Seigneurs de La Roche-Bernard et la Guerre de Succession de Bretagne
Le XIIIe et le XIVe siècle voient les seigneurs de La Roche-Bernard étendre leur influence sur un territoire couvrant des régions autour de la Vilaine, entre la Bretagne et le Vannetais. Les seigneurs rochois, liés à des familles puissantes comme celles d’Assérac et de Laval, dominent la région jusqu’à la fin du XIVe siècle. Lors de la guerre de succession de Bretagne, le château de La Roche-Bernard est détruit après avoir soutenu le parti de Charles de Blois, tandis que les seigneurs rochois se réfugient au château de La Bretesche, à Missillac.

Une Ville Marchande et un Centre Religieux au Moyen Âge
Au XVᵉ siècle, La Roche-Bernard est un lieu dynamique, avec environ 500 habitants. Des foires importantes se tiennent annuellement à la Sainte-Luce, à la Saint-Jacques, à la Pentecôte et à la Saint-Matthieu. Le commerce prospère grâce à son port, bien que les marchés soient limités par la guerre et les contraintes locales. La ville possède plusieurs structures d’accueil, comme l’Hôpital, et son église Saint-Michel, ainsi que la chapelle Notre-Dame, marquent le caractère religieux de la ville.
La Réforme et l’Histoire du Protestantisme
Au XVIe siècle, la Réforme protestante touche profondément La Roche-Bernard, qui devient un centre du protestantisme en Bretagne. La famille d’Andelot, avec Claude de Rieux, apporte les terres de La Roche-Bernard et, en 1558, la ville devient un lieu de prédication protestante. Jean Louveau, pasteur installé à La Roche-Bernard en 1561, exerce une influence considérable jusqu’à la répression du protestantisme, qui s’intensifie après 1660, culminant avec l’abjuration des derniers protestants en 1685.

La Roche-Bernard au XVIIe et XVIIIe Siècle
La Roche-Bernard devient officiellement une ville en 1666, ce qui lui permet d’envoyer des représentants aux États de Bretagne. À cette époque, elle est prospère grâce à son commerce maritime, avec un port actif qui assure les échanges avec l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre et les pays scandinaves. La construction du vaisseau La Couronne, en 1638, marque une époque de grande prospérité maritime, bien que l’instabilité du navire et la concurrence du chemin de fer au XIXe siècle modifient peu à peu l’activité portuaire.
Les Troubles Révolutionnaires
La Révolution française bouleverse profondément La Roche-Bernard, qui prend le nom de La Roche-Sauveur entre 1793 et 1802 en mémoire de l’administrateur tué pendant l’insurrection. La ville devient un terrain de combat entre républicains et chouans, avec des affrontements violents qui marquent l’histoire locale, notamment lors de l’insurrection de 1793. En 1790, elle devient chef-lieu de canton et voit ses limites administratives modifiées à la suite des échanges entre départements.

Le XIXe Siècle : Une Période de Transformation
Le XIXe siècle est une période de grands changements pour La Roche-Bernard. Le pont de la Vilaine, inauguré en 1839, remplace les bacs et facilite les échanges entre les rives. La ville se transforme avec l’arrivée du chemin de fer en 1912, et un nouveau quartier se développe autour de la gare. Le port, bien que concurrencé par le rail, continue à jouer un rôle clé dans l’économie locale. La ville se modernise, mais elle doit faire face à la concurrence croissante du transport ferroviaire et des difficultés économiques.
La Seconde Guerre Mondiale et l’Après-Guerre
La Seconde Guerre mondiale est une période difficile pour La Roche-Bernard, occupée par les Allemands de 1940 à 1945. Les bombardements de 1944, suivis de la destruction du pont en août 1945, causent de lourdes pertes. Le bac reprend du service jusqu’à la construction du nouveau pont en 1960, marquant la renaissance de la ville.
Le Patrimoine Religieux et Historique

L’Église Saint-Michel et la Chapelle Notre-Dame
L’église Saint-Michel, de style néogothique, ainsi que la Chapelle Notre-Dame, construite à la fin du XVIe siècle et restaurée plusieurs fois, sont des symboles forts du patrimoine religieux de La Roche-Bernard. La chapelle, fondée en 1063 et au cœur de l’histoire du protestantisme local, abrite aujourd’hui des expositions temporaires et des concerts. Son importance historique et son lien avec le protestantisme en Bretagne en font un lieu incontournable pour les passionnés d’histoire et de culture.
La Roche-Bernard est une ville où l’histoire, la culture et le patrimoine se mêlent et se révèlent à chaque coin de rue. Que vous soyez attiré par son passé médiéval, son histoire maritime ou son rôle dans la Révolution, chaque visite est une immersion dans l’âme bretonne et l’évolution d’une commune unique.
